Interview #6 : Clément

Certains t’ont déjà vu sur scène, d’autres voient défiler des clichés d’un Clément fou et amoureux sur les planches, qu’est-ce que tu peux nous raconter pour mieux te connaître ?

Vers l’âge de 7 ans j’ai perdu mon chemin au cours d’une randonnée pédestre en Meurthe et Moselle. J’ai été récupéré et élevé par une meute de ragondins et je suis devenu l’un des leurs. Avec un peu de recul je pense n’avoir jamais été aussi heureux.
C’est en 2005 que ma vie a pris un tournant radical. Au sortir de mon terrier, j’ai croisé la route de Sylvain Augier qui arpentait le département pour sa dernière émission comme présentateur de la Carte au Trésor sur France 2. Les pouvoirs publics m’ont invité à retourner chez mes parents, j’ai repris mes études en CE1 et depuis je mène une vie presque normale.
Je gagne ma vie en prémachant des pastilles Valda pour une dame âgée et tous les week-ends je retourne dans mon marais pour batifoler avec mes amis les rongeurs.

L’ami des ragondins a-t-il eu une expérience du théâtre avant cette année ?

Pour ce qui est de mes expériences de comédien, j’ai surtout fait des films d’action. J’ai été repéré il y a quelques années grâce à ma carrure imposante et dans le milieu on parle de moi comme étant le fils spirituel de Steven Seagall. Je ne sais pas si c’est vrai mais c’est assez flatteur.

 

Pour toi, le théâtre c’est plutôt une souffrance SM ou un réel bonheur de fureter de salle en salle ?

Si vous le permettez je voudrais faire une petite digression.
Vous savez, les ragondins sont des créatures très facétieuses. Leur alimentation frugale est généralement constituée de petites racines mais parfois elles aiment à manger une moule ou deux en conversant et en riant gaiement. C’est un peu le rapport que j’entretiens avec le théâtre.

 

Tu ferais une déclaration d’amour à la Troupe en Bois ?


Ça tombe bien, il se trouve que je suis des cours de poésie depuis quelques années et M. Crouti dit que je suis assez doué.
Alors…

Troupe en bois, ô troupe en bois
Tu es un soleil mais toujours tu restes toi
Tu ne viens pas de Créteil, ni de Rosny-sous-Bois
Tu vogues sur l’océan de nos cœurs telle une coquille de noix

 

On est ensemble depuis quelques mois maintenant, quel est ton vrai ressenti de la troupe à présent ?

On pourrait obtenir beaucoup plus des comédiens en exerçant une véritable pression psychologique sur eux. Je pense que la sanction physique est une bonne chose mais il est important de maintenir les gens dans un état de stress constant pour qu’ils délivrent le meilleur d’eux-mêmes. Par exemple, j’ai travaillé pendant quelques mois comme instituteur en moyenne section de maternelle et j’ai réussi à apprendre à lire à des enfants de 3ans et demi. Je leur ai offert un adorable chaton et quand le lien entre eux et leur petit compagnon est devenu assez fort, j’ai fait disparaître le chaton en leur disant qu’il était mort mais qu’ils pouvaient le faire revenir en travaillant jour et nuit.
Alors oui je ne dis pas que la chose marcherait aussi facilement avec des comédiens mais on pourrait tout à fait envisager d’appliquer le même schéma en kidnappant un parent ou un ami. Enfin ce n’est qu’une idée évidemment.

 

Tu pourrais nous présenter ton personnage dans la pièce ?

J’interprète un jeune homme passablement looser, qui n’a jamais connu les femmes et qui aime beaucoup le zen. Son travail consiste à porter des bouts de viande et il a écrasé – accidentellement évidemment – le petit ami de Joanna, une jeune femme élégante et distinguée qui a joué la lesbienne dans une pièce de théâtre.

 

Tu connais bien ton perso maintenant, qu’est-ce qui est le plus dur à jouer chez lui ?

Romain m’a demandé de jouer toute la pièce en apnée pour créer une tension physique supplémentaire. Ce n’était pas évident au départ car je fume beaucoup de crack et que mes poumons ne sont plus de première fraîcheur mais heureusement j’ai trouvé un très bon chirurgien moldave qui a accepté de me greffer deux paires de poumons dans le dos et depuis tout va beaucoup mieux.

 

C’est quoi ton exercice préféré en répétition ?

J’aime beaucoup l’échauffement à la française de Romain. On se met autour d’une table et chacun des participants se saisit dans une main d’une coupe en verre remplie de jus de raisin alcoolisé. Avec l’autre main il s’agit de mettre dans sa bouche la plus grande quantité possible de saucisson. Je me débrouille assez bien je crois.

 

Sylvain Augier n’a pas réussi à faire de toi une star mais le théâtre y arrivera sûrement… Alors tu dois bien avoir une phrase que tu rêves de dire en interview ?

J’ai un solex Peugeot 103 RCX vert à vendre. Bon état, prix à discuter.