Critique en bois #3 – « Les liaisons dangereuses » de John Malkovich

Reprendre Les liaisons dangereuses, une idée que je n’aurais pas eue tant cette œuvre est présente dans nos imaginaires, par le livre d’abord, le film de Stephen Frears, et celui dont on a honte mais que tout le monde a vu, Sexe intentions.

Piloté par John Malkovich, grand Valmont au cinéma et grand metteur en scène au théâtre, le projet gagne en intérêt. Remis au goût du jour, avec une mise en scène fraîche, à la fois dépouillée et astucieuse, ça devient carrément intriguant.
Les comédiens, tous jeunes et inconnus au bataillon, offrent aux mythiques Liaisons une modernité qui sied parfaitement au XVIIIe siècle de Choderlos de Laclos. Costumes à moitié terminés par-dessus un jean, Ipad et portables pour prendre une photo sous les jupes des filles, ambiance « répétition » avec tous les comédiens rassemblés sur des chaises autour de la scène, qui rient et commentent…

Tant d’écueils à éviter dans ce mélange moderne/classique, et pourtant pas un seul cliché en vue. Un texte « à l’ancienne », servi à la perfection, avec ce qu’il faut d’émotion, et beaucoup d’ironie. Les interventions du laquais, qui s’adresse directement au public, créent une complicité entre la jeune troupe et les spectateurs qui n’en finit pas de s’accroître, jusqu’aux effets spéciaux de la grande scène finale réalisés à la lumière d’une lampe de poche.

Personne ne s’en offusque. Mention spéciale à Yannik Landrein, Valmont surpuissant, fin, sensuel, drôle et émouvant. Oui, tout ça à la fois.

On rit, plus que prévu, on pleure, on s’émerveille d’une scène finale spectaculaire qu’on n’attendait pas, et on sort ému d’un si beau spectacle, sans tête d’affiche, qui tire sa force d’une cohésion sans faille entre les comédiens, et sans doute le metteur en scène. Du
théâtre comme on voudrait en faire.

A découvrir jusqu’au 30 juin 2012 au Théâtre de l’Atelier.

Article : Ariane